La grâce de l’éclat de rire
Annabelle Combes
Un récit douloureux et lumineux à la fois. L’histoire d’une femme anéantie, d’une famille déchirée. Et pourtant, on a envie de lire jusqu’au bout. Car, finalement, c’est un hymne à la vie, un hommage à cette force surhumaine qui nous fait accomplir l’inimaginable, quand on a perdu tout espoir.
Un roman sur la grâce qui accompagne un parcours de souffrance, de réminiscence et de renaissance.
L’histoire du livre « La grâce de l’éclat de rire »
Une mère face à un drame. Une femme en lente agonie, dont les journées sont rythmées par une succession d’événements décousus. Les nuits, alternance de délires et d’insomnies. Elle avance heure après heure, en se débarrassant chaque jour d’un petit morceau du terrible fardeau qu’elle porte sur ses épaules. Dans son cœur. Elle est encore une mère, elle n’est plus une épouse. Elle vit dans une maison vide, vidée de toute raison d’avancer.
Et pourtant, elle est vivante, elle. Et elle doit avancer. Et pour avancer, il faut ouvrir les anciens tiroirs, aérer les chambres, répondre au courrier, payer les factures. Faire de la place. Nommer l’innommable.
Je cherche des feuilles vierges. La page nue. Celle que l’on débute, celle où tout peut s’écrire, se colorer, où rien n’est encore né, fixé, figé. Aucune souffrance.
La grâce de l’éclat de rire, Annabelle Combes
Sur le parcours de son calvaire, elle rencontre d’autres épaves comme elle, d’autres oubliés échoués au large, comme elle. Ou juste suspendus au milieu d’une vie, une existence résignée mais sereine. Et elle apprend les différentes formes que peut prendre une existence. Elle retrouve des mains tendues, des regards qui parlent, sans rien dire. Elle rencontre la foi aussi, une sorte de foi. Elle rassemble un puzzle coloré et biscornu d’âmes. Tous ces êtres, tout son être, la ramènent à une forme d’art, son propre art laissé de côté et qui l’aidera, à coups de pinceau, à retrouver ses éclats.
Mes réflexions autour du roman d’Annabelle Combes
Et si rien n’arrivait pour rien ? Et si tout ce que l’on traverse avait un sens ? Et s’il fallait éclater pour s’éclater ? La douleur est toujours si coupable ?
Etre à l’aise avec la douleur, vouloir la traverser, s’abimer avec elle, a toujours fait partie d’une étape de la vie pour moi. Tout comme la solitude, l’amertume, la déception. J’ai toujours pensé que la part de l’ombre avait tout son sens. Je réalise même, en vieillissant, que c’est cette ombre qui nous fait voir la lumière. Que ce n’est qu’après la pluie, que l’on apprécie le plus le soleil.
Pour voler, il faut être léger. Pour faire naître sa couleur, il faut avoir souffert.
La grâce de l’éclat de rire, Annabelle Combes
Des banalités instagrammables ? Peut-être, mais les vérités les plus simples sont parfois les plus difficiles à intégrer. C’est pertinemment quand tout semble être fini, que tout commence. Et pour recommencer, il faut passer au travers. Des épreuves, de la douleur, du manque, du vide. Pour commencer, il faut pardonner et se pardonner. A soi-même, à ceux qu’on aime ou que l’on a aimés. A la vie, à la mort.
Ce livre aurait pu tout aussi bien s’intituler ‘La grâce de l’éclat de vivre’. Un état auquel on arrive en passant par des multiples éclats :
- Eclat de mise en route
- Eclat d’impression mémorielle
- Eclat de silence habité
- Eclat de vitalité
- Eclat de va, de vient
- Eclat de place nette
- Eclat de contraste
- Eclat de misère et de cœur
- Eclat de face cachée
- Eclat de méandres
- Eclat d’audace
- Eclat de dissolution
- Eclat de déchirements
- Eclat de certitude
- Eclat de retour à soi
- Eclat de retour aux autres
- Eclat de débordement
- Eclat d’abandon
- Eclat de gratitude
- Eclat de vérité
- Eclat de légèreté
- Eclat de rire
- Eclat d’éternité
En lisant ce livre, j’ai été portée par une écriture qui se voulait fragmentée et transportée à la fois. Tour à tour concise, factuelle, essentielle, mais aussi mistique et contemplative. Les chapitres nous font évoluer avec la protagoniste, jusqu’à une forme de méditation, voire de rédemption.
Comme déjà évoqué pour la Calanque de l’aviateur ou Baisers de collection du même auteur, on en arrive à la conclusion que vivre se résout à un fragile équilibre entre peur et envie, élan et réticence, sagesse et folie. Avec, au passage, des petits et grands éclats !