Le voile de Téhéran

de Parinoush Saniee

Nous ne mesurons que rarement la chance que nous avons d’être née et d’avoir grandi dans cette partie du monde. Nous oublions que pouvoir s’habiller comme on le souhaite, sortir avec qui l’on souhaite, faire des études, voyager ou exprimer tout simplement son opinion, ce sont autant d’actions inimaginables pour les femmes dans une grande partie du globe.

Le voile de Téhéran est un livre assez transparent sur le déroulement de la vie, simplement extraordinaire, d’une femme iranienne. Un récit autobiographique dont il faudrait s’inspirer pour beaucoup de nos combats du quotidien.

Les filles ne servent à rien. Elles appartiennent à d’autres.

Le voile de Téhéran, Parinoush Saniee

Résumé du livre le Voile de Téheran

Massoumeh est une adolescente comme les autres, mais qui grandit dans un pays qui lui ne l’est pas. Très douée à l’école, son rêve est juste de pouvoir poursuivre ses études, s’entourer de livres et se diplômer. Hélas, il lui faudra toute une vie pour y arriver et à quel prix. Comme les autres filles de son âge, elle aime rire, écouter la musique, marcher dans la rue avec ses copines. Mais elle ne peut pas s’autoriser ce genre d’activités, car ses frères ne veulent pas et personne ne dit le contraire. Massoumeh connait ses devoirs et elle comprend vite que la liste de ses interdits et de ses soumissions, ne fera que s’allonger dans le temps. Elle s’y pliera toujours, sauf quand il s’agira de préserver la liberté d’esprit de ses enfants.

Personne ne nous veut pour
nous-mêmes, tout le monde nous veut pour lui-même.

Parinoush Saniee

Dans un pays de mariages arrangés, elle a le malheur de tomber amoureuse d’un jeune, sage garçon que ses frères n’approuvent pas. Au prix de grosses blessures, elle doit vite se résoudre à y renoncer et épouser à la place un inconnu, jamais vu sauf en photo par l’intermédiaire de sa mère et de ses sœurs venues faire la proposition par procuration.

Dans ce triste tableau qui hante ses nuits, Massoumeh aura la chance de finir à côté d’un homme cultivé, ouvert et émancipé qui la laissera (presque) libre de vivre sa vie, à condition de jouer son rôle d’épouse pour sauver les apparences et lui laisser terrain libre dans ses propres activités. Et elle grandit dans le reflet de cet homme et de ses livres, de ses fréquentations douteuses, de ses idées politiques. Elle devient mère, elle s’assume, elle assume sa vie, elle avance seule, trop seule, mais avec la détermination d’une lionne qui protège sa portée. Elle est de plus en plus belle, mais elle ne le sait pas, elle ne le voit pas.

Sur le fond, l’actualité iranienne des années 70 à 90 environs, les luttes, les révoltes, les guerres, les morts, les avancées et les régressions d’un peuple qui vit de contradictions permanentes.

Sais-tu combien de fois dans ma vie j’ai dû me couvrir ou me découvrir la tête en fonction des idées que se faisaient les hommes sur la bienséance ?

Le voile de Téhéran, Parinoush Saniee

Et pourtant, dans la maison si émancipée qu’elle parvient à fonder, dans ce foyer qui s’alimente de livres, de débats et de poésie, une pierre se pose sur le destin de cette femme extraordinaire dont la plus grande défaite aura été de ne pas avoir réussi à émanciper complètement ses propres enfants.

Massoumeh renoncera encore, jusqu’à la fin de ses jours, à vivre sa vie comme bon lui semble. Un jour pliée à ses frères, un autre à son mari, un autre encore à ses enfants. Ainsi s’accomplie la vie d’une femme à Téhéran, sous un voile d’amertume et d’acceptation résignée.

Réflexions sur le livre de Parinoush Sanniee

Je me suis demandée, en lisant ce livre, quels seront les combats que j’imprimerai dans la vie de mes enfants. Quelles seront les conquêtes dont je ferai profiter les autres femmes, les autres victimes, les autres soumis de mon petit monde. Combien seront les renonciations auxquelles je me resignerai ? Serai-je capable de faire tomber le voile sur les absurdités que je rencontre ? Un livre qui fait réfléchir sur la position de la femme dans le monde, comme Les Indésirables de Diana Ducret