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Les déracinés

La saga de Catherine Bardon

J’aime les sagas, car elles prolongent le plaisir de la lecture, lorsque je tombe sur un livre que je n’ai pas envie de quitter.
J’aime les sagas, car leurs histoires traversent les décennies et leurs protagonistes évoluent d’un volume à l’autre.
J’aime encore plus les sagas qui me ramènent dans des pays lointains et me font découvrir des morceaux de l’histoire que j’ignorais. C’est ainsi que j’ai découvert l’histoire de Sosua, la première colonie juive construite en République Dominicaine pendant la deuxième guerre mondiale. C’est à Sosua qui se déroule la saga des Déracinées.

Cette fresque est une adaptation libre de l’histoire de ces migrants involontaires arrivés d’Allemagne et d’Autriche en 1940 en République Dominicaine

Une invincible été, Catherine Bardon

L’histoire du livre « Les Déracinés »

Autriche, 1931. Almah et Willhem sont prêts à se livrer à leur grand amour. Ils valsent sur une vie qui leur sourit, confiant dans un avenir très prometteur. Ils se marient, ils s’aiment à la folie, ils attendent un enfant.
Puis la guerre arrive. Leur religion, leur nom deviennent les nouveaux ennemis à combattre, à chasser. La haute bourgeoisie de laquelle ils sont issus, ne peut plus rien pour eux. L’argent, le pouvoir de leurs familles, ne compte plus rien face aux méthodes du nouveau, impitoyable groupe au pouvoir. Une étoile, des listes, des cachotteries, des trahisons, de l’aide aussi. Au bout d’un long périple aux innombrables rebondissements, ils arrivent par acharnement et attachement à la vie, à s’inscrire dans un projet fou et magique à a fois.

Ils partent construire leur futur en République Dominicanie. Ils débarquent à Sosua où ils mettent sur pied une véritable colonie de rescapés juifs d’Europe. Des avocats, des juristes, des médecins. Des hommes et des femmes, rétrogradés, chassés de chez eux. Ils ont littéralement traversé des pays et des océans pour arriver dans ce petit bout de paradis qui était pour eux la terre dominicaine.

Trop beau, trop chaud, trop lumineux, trop en paix pour être vrai, après les horreurs que leurs yeux avaient enregistrées en traversant le monde en guerre.
Ils avaient le droit de vivre, d’exister ici sur cette terre. Mais ils repartaient de zéro. Leurs noms, leurs titres, leurs familles, leurs richesses matérielles désormais pris ou abandonnés ailleurs.
Il leur restait leur héritage moral, leur dignité et leur invincible envie de vivre et de donner la vie.

Il faut de la force pour quitter sa terre natale, supporter les humiliations, vivre en exil avec sa peine, renoncer à sa vie perdue.

Les déracinés, Catherine Bardon

Ce premier roman est aussi l’histoire d’un grand amour, de deux jeunes gens qui arrivent à la vie adulte en balayant tous leurs projets et rêves d’enfance. C’est le parcours d’une famille qui prend forme, soutenue et propulsée par des liens d’amitié forts et authentiques.

C’est le récit d’une expérience anthropologique et humanitaire inédite qui voit une communauté inspirée et inspirante naître des cendres de la grande ‘civilisation’ européenne. Le produit inespéré de la volonté de femmes et d’hommes motivés par l’envie de vivre et de faire vivre leur héritage.

Au fil des chapitres, les déracinés fondent et animent une société avant-gardiste, culturellement élevée, concrètement organisée, humainement riche. Almah et Wilh élèveront leurs trois enfants dans l’esprit communautaire de Sosua, ils leur apprendront à s’alimenter des belles choses que la terre, la mer et le ciel offrent tous le jours. Ils les éduqueront au nom des grands auteurs, musiciens et médecins qu’ils admirent. Ils leur laisseront la liberté d’être les hommes et les femmes qu’ils choisiront d’être. Les déracinés, Almah et Whil en tête, iront toujours de l’avant, malgré les épreuves, les renonciations, les déceptions et la distance qui se creusera par moments entre eux.

L’histoire du deuxième livre « L’américaine »

Les années ’60. Ruth, le deuxième des enfants d’Almah et Whil, part vivre son périple entre les Etats-Unis, Israël et Sosua à la recherche de son identité. De femme, de fille, de mère, d’écrivain.

A l’aube d’écrire une nouvelle page de ma vie, j’avais besoin de ce lent arrachement à ma terre natale, et surtout, je m’étais mis en tête de refaire à l’envers le voyage qui avait amené Wilhelm et Almah Rosenheck, mes parents, sur cette île, plus de vingt ans auparavant.

L’americaine – Catherine Bardon

Et je suis d’accord avec Ruth : « On ne peut savoir qui on est qu’en connaissant ses racines ». Nous sommes le fruit de notre passé, de nos rencontres, des valeurs qui ont guidé nos parents, nos grands-parents. Ruth, comme n’importe quel jeune adulte de son âge, part à la quête des éléments et des personnes qui fonderont son histoire et celle de ces propres enfants plus tard. C’est à ces piliers que nous nous rattachons tous quand notre bateau semble être sur le point d’échouer.

Ruth, apprends à lutter, aguerris-toi, fais des choix, assume-les ou renie-les, fais des erreurs, trébuche, tombe. La vie est ainsi faite. Ne doute jamais de toi et de ta capacité à te relever.

L’Americaine, Catherine Bardon

New York, la vie universitaire, le rock, l’écriture, l’amitié, l’amour sont les protagonistes de ce deuxième roman, au même titre que son personnage principal. Ruth rencontre les hommes et les femmes qui, en plus de sa famille, détermineront les choix de sa vie. Elle se cherche, elle se perd, elle se retrouve. Tour à tour ce sont ses origines juives qui priment, puis la force de sa récente formation américaine, jusqu’à ce qu’elle replace son centre de gravité aux alentours de son île. Elle aura besoin de composer entre sa famille américaine et celle dominicaine pour trouver sa route.

C’était une manière de faire mes adieux à mon enfance à laquelle je tournais définitivement le dos. En fermant les yeux, je voyais une longue plage blonde où le bonheur n’en finissait pas de couler. Si j’avais peu de certitudes, une seule était totalement inébranlable : peu d’enfants avaient vécu une enfance aussi libre et heureuse que la nôtre, un long fleuve d’insouciance.

L’americaine – Catherine Bardon

Le résume du roman « Et la vie reprit son cours »

Ce troisième livre, est le livre du retour aux sources, de l’apaisement, de l’acceptation, d’un début de maturité et de sagesse. Ruth est désormais pleinement mère à son tour. Elle a fait et assumé ses choix. L’appel de son île berceau a été plus fort que tout le reste, mais elle avait besoin de traverser d’autres patries probables pour s’en rendre compte.

Je devais apprendre à vivre avec ça. Apprendre que ce sont nos absents qui nous constituent, qui font ce que nous sommes, autant que nos vivants.

Et la vie reprit son cours – Catherine Bardon

Arrivée à cette étape de sa vie, elle bâtît, comme ses parents et ses oncles et tantes plus tôt, sa petite communauté à elle. Elle se raccroche à ses principes, à ce qu’elle souhaite laisser en héritage aux siens, à l’éducation reçue par sa mère, au modèle professionnel offert par son père. Elle choisit son homme, son compagnon de vie et de projets. Elle choisit à nouveau sa terre et elle y restera en donnant une énorme contribution sociale, politique, culturelle et humaine à son enrichissement.

En observant le spectacle de ce matin-là, je commençais à guérir d’un mal dont je ne savais même pas que j’avais souffert, le manque de mon île.

Et la vie reprit son cours – Catherine Bardon

Elle sera la gardienne du patrimoine que les juifs-dominicains de Sosua auront construit au cours de plusieurs décennies de vie sur l’île. Elle contribuera à porter un semblant de démocratie entre les lignes d’une longue dictature. La Ruth fragile et perdue, laisse la place à une femme forte et affirmée, qui fait honneur à l’image de sa mère, Almah.

L’histoire du livre « Un invincible été »

Dernier tome de la saga ‘Les déracinés’, Un invincible été est en effet l’épilogue naturel de cette longue histoire.

Nous sommes dans les années 2000, la famille qu’Almah et Wilhelm avaient fondé à leur arrivée en République Dominicaine dans les années ‘40, s’est plus qu’étendue sur l’île. De plus, elle a profondément contribué à son développement économique et social.

Almah vieillit, mais elle continue à vivre avec force, passion et sagesse. Elle reste l’étoile du berger de toute cette communauté qui, de près ou de loin, finit toujours pour converger sur l’île pour s’alimenter de son énergie.

Un pays dans lequel je n’ai jamais cessé d’être en exil, mais un pays hors duquel, n’importe où, je serai en exil.

Un invincible été – Catherine Bardon

Almah tisse le bilan de sa vie, elle laisse ses perles et ces trésors aux siens, pour qu’ils s’en servent afin de mieux affronter les épreuves que la vie jette sur leur parcours. Ruth est encore la protagoniste de ce dernier livre, elle est dans la deuxième phase de sa vie, celle où ses enfants lui laissent à la fois le temps de vivre et l’angoisse de s’inquiéter pour leurs choix d’adultes. Elle reste fidèle à son rôle, elle honorera et diffusera les enseignements et les conquêtes de cette belle communauté dont elle fait partie. Elle sera, avec sa famille, le plus bel exemple de ce à quoi la mixité, l’ouverture d’esprit et l’envie d’apprendre peuvent amener.

Au moment de ranger ma plume je voudrais rendre un hommage vibrant à ces femmes et ces hommes courageux qui, du tragique à la rédemption, du drame au bonheur, ont, à leur façon, écrit une page d’Histoire et dont la vie même est une leçon d’espoir. 

Un invincible été – Catherine Bardon

Le bonheur, il ne tombe pas du ciel, on le fabrique de ses mains.

Et la vie reprit son cours – Catherine Bardon

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