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Les indésirables

de Diane Ducret

Ma dernière lecture en date porte encore sur une page d’histoire qui ne favorise pas les femmes. Je ne le fais pas exprès, mais je crois qu’au fond ce sont les histoires que j’aime le plus et que j’attire vers moi naturellement, même quand un livre m’est offert.

Je ne connaissais pas cette énième partie (noire) de la deuxième guerre mondiale, passée peut-être inaperçue dans la multitude de chapitres tristes de cette époque. Des milliers de femmes et d’hommes enfermés pendant des années, avant et pendant le déclanchement de la guerre, dans un camp situé dans les Pyrénées français en attente de connaître leur destin. Une sorte de ‘purgatoire’ où se mélangent toutes les cultures, les accents, les physionomies, les rêves, les cauchemars, toutes ces histoires ‘différentes’ que l’on ne sait pas classer dans une catégorie précise. Surtout, toutes ces vies qui ne répondent pas aux critères de ‘pureté et supériorité’ dictés par la folie de ces années-là. Parmi ces femmes un point commun : elles n’ont pas d’enfants.

En armes, les agents encadrent le défilé de celles que les journaux appellent les ‘femmes indésirables’, celles dont on ne veut pas, celles qui doivent être hors du regards, hors la loi, partir ou disparaitre ; nuisibles que l’on veut oublier avoir jadis aimé

Les indésirables, Diane Ducret

Deux femmes sur le devant de la scène – et pas que métaphoriquement – nous permettent d’entrevoir l’abîme de cette attente, de cette noire humiliation permanente. Deux allemandes, aryenne l’une et juive l’autre, se tiennent par la main pour trouver la force d’affronter cet abandon, cette trahison, pour ne pas tomber, pour porter de la couleur là où il n’y en a plus.

Sur le fond, plein d’autres histoires de femmes et, pour toutes, une envie de rester belles et dignes, de continuer à espérer, de croire à un ‘après’ acceptable, car jamais elles sauront à quoi s’attendre pour leur lendemain.  A leurs côtés, séparés par des fils de barbelé, des milliers d’hommes, de toute origine aussi, qui essayent de donner de la dignité à leurs camarades, car jamais une femme ne devrait vivre dans une telle misère.

Eva et Lise portent leur art, leur pureté dans ce camp, elles entrainent dans leur tourbillon les autres filles, ainsi que certains de leurs geôliers. Elles racontent la France dont elles avaient rêvé et celle qui finalement elles auront connu.

La France, une terre promise sans Dieu vengeur ni diktat, où elles étaient venues chercher asile.

Diane Ducret

Et la vie continue en effet, elle renaît parfois, sous un rythme différent, avec une autre échelle de valeurs, mais toujours forte et frappante. J’aurais peut-être aimé qu’il y ait encore plus de force, que l’on puisse voir encore plus dans le fond de ces âmes bouleversées…mais ça aurait  été impossible à lire, alors je vais juste l’imaginer.

Ainsi va la vie des femmes, des joies fragiles au milieu d’immenses tourments.

LES INDÉSIRABLES, DIANE DUCRET

N’en perdez pas une miette !

 

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